Pierre BRUNEL,

"Don Quichotte" et le roman malgré lui (Klincksieck, 2006)

[Présentation de l’éditeur]



Don Quichotte peut être considéré comme le dernier des romans de chevalerie ou comme le premier des romans modernes. Entre ces deux extrêmes, l'analyse proposée ici évolue capricieusement. Le célèbre livre se trouve défini moins comme un roman ou même comme un anti-roman que comme un pseudo-roman. Pour devenir Don Quichotte, Alonso Quijano imite les héros de romans, et aussi ceux des poèmes héroïques, avant de redevenir lui-même et de prendre un vrai visage humain.

Dans cet essai de littérature comparée, l'auteur a pris le parti d'un va-et-vient entre des modèles anciens, comme L'Ane d'or d'Apulée et des héritiers modernes, Italo Calvino ou même Raymond Queneau. Sans doute faut-il fixer une chronologie à partir de l'année 1605, comme les célébrations du quatrième centenaire du premier Don Quichotte y invitent. Mais dans les dix années qui ont suivi, jusqu'à la Deuxième Partie de 1615, tout se brouille déjà avec l'intrusion de « l'apocryphe », le Second Tome d'Avellaneda. Il en résulte, pour la riche postérité du pseudo-roman, un étonnant imbroglio auquel se trouvent mêlés Lesage et Sterne au XVIIIe siècle, Thomas Mann et Calvino au XXe — d'autres encore, évoqués de manière plus fugitive.

En définitive, les aventures romanesques de Don Quichotte et les aventures du romanesque tel qu'il se dessine à partir de lui sont inséparables. Et c'est cette intrication qui est fondatrice du roman moderne, quand la culture et l'imagination s'allient à la plus éblouissante des virtuosités.


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