Maurice Bardon :

« Don Quichotte » en France au XVIIe et au XVIIIe siècle (1615-1815) 

[présentation de l'oeuvre à partir de citations de Maurice Bardon]


"Peu d’écrivains ont été plus lus et interprétés que Cervantès. Le nombre est considérable de tous les volumes, brochures, articles dont son œuvre et sa personne ont été l’occasion ou le sujet. Notre ambition avait d’abord été de suivre chez nous l’histoire du grand roman pendant trois siècles. Nous avons vite compris qu’il fallait nous borner."

 

"Nous avons donc pensé qu’il convenait d’arrêter, – provisoirement, – notre enquête aux premières années du XIXe siècle, ou, pour mieux dire, à l’aube du Romantisme. Vers cette date, en effet, s’inaugure dans la critique étrangère, pour bientôt être introduite en France, une conception toute nouvelle du Don Quichotte, cette conception symbolique et pessimiste, dont la critique française, sans doute, avait eu le pressentiment, mais qu’elle n’avait ni affirmée, ni formulée avec une persistante vigueur. Toute interprétation symbolique du livre a été ainsi refusée à nos deux siècles classiques. Personne, de 1605 à 1815, n’a eu de façon précise, sur le Don Quichotte, une idée semblable à celle d’un Bouterwek, d’un Schlegel, d’un Sismondi, à celle qu’avec eux et après eux l’exégèse allemande allait développer. "

 

"Un roman d’aventures récréatives, où deux personnages grotesques sont d’ordinaire malmenés, telle fut, de César Oudin à Bouchon Dubournial, l’habituelle opinion des Français sur le Don Quichotte. Don Quichotte et Sancho sont, pour tous, demeurés deux personnages comiques dont il convenait uniquement de s’amuser. De page en page, nos Français n’ont entendu là résonner que les grelots de la Folie. Et, de page en page, leur éclat de rire y a répondu en bruyant écho. Quelques-uns, cependant, se sont avisés que l’ironique gaîté de Cervantès avait un motif sérieux. D’autres encore, s’attachant aux procédés critiques et satiriques du roman, les ont empruntés au romancier. [Mais], peu ou mal compris, le Don Quichotte n’en a pas moins suscité un grand nombre d’admirateurs dans le théâtre ou dans le roman."


Retour haut de page
Retour à "Fiches de lecture"